Injections cutanées d’acide hyaluronique en médecine esthétique et cancer

Les avancées médicales ont considérablement amélioré les traitements et les chances de survie des patients atteints de cancer. Cependant, la période post-traitement peut souvent être marquée par des changements physiques qui peuvent impacter l’estime de soi et la qualité de vie. Les injections d’acide hyaluronique (AH) sont devenues une option populaire pour restaurer le volume perduatténuer les cicatrices et restaurer l’apparence de la peau. Cependant, il existe peu de données sur leur utilisation dans les suites du cancer. Cet article examine les indications des injections d’AH à visée esthétique suite à un cancer, ainsi que les risques et les précautions à prendre en compte.

Objectif

L’objectif est de faire un état des lieux de l’utilisation des produits de comblement d’AH à visée esthétique, chez les patients atteints par un cancer.

Méthode

Une mise au point de la littérature a été effectuée sur les bases de données PubMed, et Google Scholar. Les mots clés utilisés pour cette recherche ont été : hyaluronic acid, injection, filler, cancer. Les articles ont été recherchés jusqu’au 15 Mai 2024. Les critères d’exclusion étaient les études : n’utilisant pas l’AH par voie injectable, ou traitant d’un usage non cutané de l’AH.

Etudes de cas

Au total, 42 publications ont été identifiées dans la base de données PubMed. Aucune revue de la littérature n’a été publiée sur le sujet. Seulement 7 études de cas ont été retrouvées : 3 études traitant des indications esthétiques post cancer ont été regroupées dans le tableau 1, et 4 études abordant les principaux résultats sous traitement par immunothérapie.

Indications

Les injections d’AH offrent une option non chirurgicale pour restaurer le volume perdu et améliorer la symétrie faciale des patients ayant subi une chirurgie pour un cancer, notamment au niveau de la tête et du cou. Les patientes ayant subi une mastectomie et une reconstruction mammaire peuvent présenter des défauts esthétiques tels que des asymétries, ou des dépressions dans la zone du sein reconstruit. Les injections d’AH peuvent être utilisées pour corriger ces défauts et obtenir un résultat esthétique satisfaisant. Les cicatrices atrophiques peuvent être traitées avec succès.

Limites

Des limites à notre revue de la littérature existent car il n’a pas été retrouvé de données traitant de l’usage de produit de comblement à base d’AH chez les patients sous chimiothérapie et radiothérapie. En effet, ces patients peuvent présenter des risques accrus d’infection compte tenu de leurs faibles défenses immunitaires. Par ailleurs, les études citées comportent trop peu de patients pour généraliser les résultats. 

Effets indésirables

Les risques potentiels retrouvés ne concernent que les patients sous immunothérapie ayant eu des injections d’AH avant leur cancer. Parmi les effets indésirables figurent : 

  • l’inflammation, 
  • et la formation de nodules correspondant à une réaction granulomateuse à corps étranger.

Une seule étude a été réalisée chez un patient déjà sous immunothérapie, aucun effet secondaire grave n’a été rapporté.

Précautions nécessaires

Pour prévenir les effets secondaires, il est donc essentiel de discuter des bénéfices et des risques associés aux injections avec le patient et son oncologue. En effet, il est nécessaire d’évaluer attentivement le risque d’infections, et de complications associées à la procédure. En général, il est recommandé d’attendre que le patient soit considéré comme étant en rémission complète avant de procéder à des injections. Ainsi, il est préconisé d’attendre au moins 6 mois après une chimiothérapie. Pour les patients sous radiothérapie, l’évaluation médicale des défenses immunitaires est indispensable afin d’autoriser ou non le geste. Il est préconisé de considérer les patients post-radiothérapie comme immunodéprimés et de retarder le traitement de comblement d’au moins 6 à 12 mois. Sur les sites préalablement irradiés, une grande prudence est nécessaire : il a été décrit une canule de comblement cassée, des infections chroniques et des nécroses cutanées liées l’utilisation de produits de comblement. Concernant l’immunothérapie, la décision se fait à discrétion du médecin esthétique en insistant auprès du patient sur le risque de granulome.

Conclusion

Les injections d’AH peuvent offrir des avantages esthétiques significatifs aux patients ayant un antécédent de cancer, en contribuant à restaurer le volume, l’asymétrie et l’apparence de la peau. Cependant, ces procédures ne sont pas sans risques, compte tenu du risque infectieux potentiel, et d’effets indésirables notamment de granulomes chez les patients sous immunothérapie. Il est donc essentiel que les patients et leur équipe médicale évaluent attentivement les bénéfices potentiels par rapport aux risques associés. Une approche individualisée et une surveillance étroite sont nécessaires pour assurer des résultats esthétiques sûrs et satisfaisants chez les patients ayant survécu au cancer.

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